Six chants populaires serbes de Friedrich Nietzsche

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De Nietzsche, que je n’ai jamais lu, je ne connais que quelques extraits étudiés en classe de philo. Six chants populaires serbes était proposé par Babelio dans le cadre d’une Masse critique (un livre gratuit en échange d’une critique). Ce petit livre est d’un abord moins impressionnant que les œuvres plus connues du philosophe. Et surtout, j’aime la poésie. Sur la page de gauche, on trouve les poèmes originaux et la traduction allemande remaniée par Nietzsche. Sur celle de droite, la traduction française de Guillaume Métayer, qui s’est attaché à respecter les choix littéraires du philosophe.

Le premier chant est, de façon amusante, « Arrière-goût ». Celui-ci et les cinq suivants sont de courts poèmes en rimes. On croirait lire Les Chansons et les Heures ou Les Chants de la Merci de Marie Noël (qui est à l’opposée de Nietzsche et pas du tout serbe) ; ils correspondent parfaitement à l’idée que je me fais de la poésie populaire. Il y est question d’un ami qui vient dans la nuit, d’une rose dont on ne sait que faire ou encore d’un homme qui met deux femmes dans l’embarras : des thèmes universels.

LA JEUNE FILLE ET LA ROSE

Hélas, torrent aux fraîches eaux,
Hélas, ma rose aux tons rosés,
Que fleuris-tu si vite et tôt !
Dois-je, ô ma rose, te briser ?
À qui t’offrir, ma fleur chérie ?
Te briser pour ma mère aimée ?
Au fond de la tombe elle gît.
Pour ma sœur ? Ce fût volontiers.
Un étranger l’a emmenée.
Te briserais-je pour mon frère ?
Mon frère est parti à la guerre.
Ah ! Te briser pour mon amour ?
Ah ! Qu’il est loin, mon cher amour,
Derrière trois monts verdoyants !
Au-delà de trois frais torrents !

Le dernier poème appartient au genre épique (même s’il n’est pas très long), ce qui lui vaut d’être décrit comme « masculin » quand les précédents sont dits « féminins ». Le preux Marko et le féroce Bogdan, deux hommes forts, s’affrontent. La peur changera-t-elle de camp ?

[…] Des feux ont beau jaillir de leurs yeux fulminants,
Le brasier de leur rage est faible et impuissant […]

« Le petit nombre de ces textes ne doit pas nous décevoir », prévient le traducteur-préfacier. Il faut dire que le livre est mince, et que la version française des poèmes tient sur dix pages recto. Pas de déception de mon côté, mais une frustration. Ce n’est pas forcément entièrement négatif : moi qui lit rarement les préfaces, j’ai trouvé celle-ci intéressante, qu’il parle de Nietzsche ou du travail de (re)traduction.

Je garderai Six chants populaires serbes dans ma bibliothèque, et je découvre grâce à lui la collection Centrale / Poésie chez Rumeurs éditions.

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